La culture des fleurs à couper : une exception dans l’agriculture biologique
Alors qu’on mange de plus en plus bio, que les rayons de produits issus du commerce équitable s’étendent, que les surfaces cultivées dans le respect de la charte de l’agriculture biologique augmentent chaque année, il semble que la culture des fleurs à couper destinées aux fleuristes reste en dehors de cette évolution vertueuse.
Une production de fleurs venant des pays sous-développés
Pour disposer des conditions météorologiques et climatiques idéales, les producteurs de fleurs s’installent dans les pays sous-développés tels que l’Equateur, le Kenya, l’Ethiopie ou des pays d’Amérique du Sud. Malheureusement, cela va souvent de paire avec une exploitation des hommes et des femmes qui y sont employés dans des conditions parfois inhumaines : absence de protections contre les produits chimiques utilisés, logements insalubres, durée du travail excessive, trajets éreintants….
A grands coups de forages, d’engrais chimiques et de pesticides, les fleurs, notamment nos roses, poussent avec brio, sur le dos et au détriment de la santé des travailleurs locaux et de l’environnement puisque la terre et l’eau sont empoisonnés. Au Kenya, par exemple, les fermes horticoles situées au coeur de la vallée des roses sur les rives du lac Naivasha l’assèchent irrémédiablement, comme le montre très bien un reportage du Monde « Au Kenya, les fleurs épineuses de la Saint Valentin ».
Trop de pesticides dans les fleurs coupées
Justement, ce sont bien les pesticides trouvés dans les fleurs qui sont en cause dans l’enquête que 60 Millions de Consommateurs publie dans son numéro de Février 2017 : les fleurs analysées contiennent entre 3 et 25 substances contestables dont, quand même, neuf pesticides interdits en France…puisque la règlementation dans ces pays lointains n’est pas aussi stricte qu’en Europe !
Où trouver des fleurs bio et équitables ?
Vous l’aurez certainement remarqué, la provenance des fleurs coupées chez votre fleuriste n’est pas vraiment mise en avant, et vous n’y trouverez quasiment jamais de fleurs bio, pour la simple raison que le cahier des charges de l’agriculture biologique n’a pas intégré spécifiquement l’horticulture. Pourtant, certains s’y sont mis malgré tout, comme le relate un article de Reporterre qui évoque l’association d’Île-de-France, Fleurs de cocagne qui propose des fleurs bio et locales, cultivées par des femmes en parcours d’insertion ; d’autres productrices installées en France y parlent également de leur travail.
Oui, des producteurs essaiment un peu partout en France mais c’est difficile de s’en sortir face au travail que nécessite cette culture et à la concurrence implacable des fleurs venues du bout du monde. C’est le cas notamment d’Olivier Coince qui produit des fleurs rustiques bio adaptées au climat du plateau de Valensole au bord du lac de Sainte Croix dans les Alpes de Haute-Provence.
Ailleurs dans le monde, si les Pays-Bas sont le premier producteur mondial de fleurs, ils ne se sont pas encore convertis aux fleurs équitables ni bio. Par contre, l’Allemagne, l’Autriche, le Royaume-Uni avancent plutôt bien sur ce plan, et même les Etats-Unis s’y intéressent avec le mouvement Slow Flowers.
Pour que le grossiste de Rungis qui a consenti à faire une petite place aux fleurs bio depuis l’automne 2016 puisse continuer, il faut sans doute que le consommateur et l’amoureux de la Saint Valentin demandent des fleurs bio à son fleuriste…une façon de faire évoluer les consciences et d’amener les choses à bouger !